[TERMINE] Et la mort vint chercher la premier frère...[pv Nobody]

Nobody avait déjà tué. Suffisamment pour savoir qu’elle restait stoïque et impénétrable dans ce genre de situation. Elle visait excellemment bien; son tir était juste, elle savait toujours ou loger la balle, pour causer le plus de douleur possible, ou bien la mort rapide. Jamais elle n’avait essuyé une larme face à la mort qu’elle offrait aux Partisans. Mais voilà. Nobody avait pleuré devant Bambi, le jour où sa sœur le lui avait ramené (les vieux films « d’avant Dorian » étaient quasiment introuvables, comme les livres). Elle avait pleuré devant le Roi Lion, même devant Pirates des Caraïbes, et avait dû sortir le mouchoir en lisant Harry Potter. Et encore, on ne vous fait pas la liste complète, et on ne vous parle pas de Sobibor ou autres bouquins…
Bref. Aujourd’hui, Noob n’avait pas de pistolet en main, ne s’apprêtait pas à assassiner quelqu’un, et n’était pas préparée à la détresse de Léandre. Le mot grossier qu’il eut l’étonna. Pas qu’elle était une sainte et n’en disait jamais, mais dans la bouche du jeune homme, c’était… étrange.
Il y avait deux choix qui s’offraient à elle. Et Nob devait réfléchir, ce qui, avouons le, n’était pas spécialement son sport favori (taper sur un punching-ball, par contre, c’est sympa). Soit elle poussait un soupir excédé, lançait d’une voix froide qu’il pouvait lire, ou ne pas lire et rester dans ses mensonges, mais dans ce cas jamais il ne sortirait de cette chambre, soit il pouvait finir par comprendre et avoir, peut-être, l’autorisation de bouger.

Soit elle jouait à la compatissante. Mais pour cela, il fallait raconter une expérience personnelle; Nobody n’était pas du genre à raconter sa vie.
Bref, un choix cornélien. Elle aurait pu prendre la première option, facilement, si ses yeux n’étaient pas brillants d’une émotion contenue face au désarroi de Léandre. Pff, dangereuse, sadique, courageuse et froide Nobody qui se retrouvait confrontée à une situation inhabituelle.

- OK.

Noob s’avança, sortant de sa poche la clef que Tobias lui avait donnée. Il lui faisait confiance… mais est-ce que ce qu’elle s’apprêtait à faire marcherait?

- On réfléchit mieux sans poison dans les veines, je suppose.

Et Nob’ espérait que jamais elle aurait cette information concrète. Sa plus grande peur? Les bracelets. En voir au poignet d’untel était presque douloureux. Glissant la clef dans la serrure, elle tourna et récupéra les espèces de menottes, avant de retourner s’asseoir.

- Tu lis, tu m’attaques, tu sors, fais ce qui te plaît. Mais prends la décision la plus sage… il reste du poison en toi.

La jeune Rebelle ravala un sourire narquois, pas vraiment dans le contexte. Si en effet Léandre l’attaquait et sortait, il se ferait maîtriser par Jonathan, Edelweiss et Tobias. Ce serait une trèèèès mauvaise idée.

Léandre choisit de se laisser faire Kayla lorsqu'elle lui enleva les bracelets. Des larmes de douleurs se formèrent au coin de ses yeux noirs, les vaisseaux d'argent de son corps se reconstituant. Il etait temps. Dès que les morceaux de métal quittèrent ses poignets, Léandre ne put retenir un soupir de soulagement. Il se sentait de nouveau entier, l'esprit un peu plus clair et apte a réfléchir. Tout en massant ses poignets maltraités et en essayant de renouer le contact avec son argent, Léandre regarda Kayla. Il ne savait pas quoi penser. A la Tour, c'était facile. On lui disait, il faisait. C'était reconfortant de ne pas avoir a penser a long terme. Bien sûr, il prenait des décisions, pendant les missions, étant malgré son jeune âge le chef d'équipe, il n'etait pas de ceux qui recrutaient parmi les orphelins dus aux meurtres de leurs parents. Car oui, il savait qu'il tuait des rebelles qui avaient des enfants, et que ces enfants étaient recueillis par Dorian. Un de ses coéquipier en était un d'ailleurs et le savait. Alors pourquoi le lui aurait on caché ? Parce qu'il avait promis, devant les cadavres de ses parents de les venger ? Parce qu'il etait doué ? Pourquoi, pourquoi Dorian lui aurait il menti !?? Ces questions tourbillonnaient dans la tête de l'assassin. D'une voix calme qui contrastait avec la panique ressentie auparavant, Léandre demanda ou plutôt ordonna:

Laisse moi. S'il te plaît.

Il devait prendre une décision. Et vite. Car il ne voulait pas être un rebelle. Ou du moins ne savait plus ce qu'il était. Il devait, maintenant faire le point. Sur lui, sur son pouvoir, sur ses limites.

Nobody le regarda un bref instant. Accéder à sa requête lui serait normalement impossible; on ne laisse pas un Partisan seule. Mais il semblait las, elle aussi. Haussant les épaules, elle se releva avec légèreté et disparut derrière la porte. S’expliquant avec Tobias, elle grogna qu’elle lui avait enlevé les bracelets. Devant l’énervement du chef de Rebelles, elle rétorqua tout simplement que ce traitement était inhumain; et qu’en le prodiguant aux autres, ils étaient autant des bêtes que les Partisans. Cela cloua le bec à Tobias pendant un bref instant; puis il lui annonça que, si fuite il y avait, ce serait entièrement sa faute.
Là, Noob n’était plus très chaude; à la place de Léandre, elle aurait déjà essayé de s’enfuir vingt fois. Mais, comme à son habitude, elle haussa les épaules comme unique réponse.
Et se dirigea vers les cuisines. Les émotions, ça creuse.

[terminéééééé]